Le vicomte de Bragelonne. Tome 2 (Дюма) - страница 54

– Il devrait déjà être à Paris.

– Il prendra la traverse pour regagner le temps perdu.

– Et où est-il ?

– À Orléans.

– Monsieur, dit de Guiche en saluant, vous me paraissez homme de bon goût.

Malicorne avait l'habit de Manicamp.

Il salua à son tour.

– Vous me faites grand honneur, monsieur, dit-il.

– À qui ai-je le plaisir de parler ?

– Je me nomme Malicorne, monsieur.

– Monsieur de Malicorne, comment trouvez-vous les fontes de ces pistolets ?

Malicorne était homme d'esprit ; il comprit la situation.

D'ailleurs, le de mis avant son nom venait de l'élever à la hauteur de celui qui lui parlait.

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Il regarda les fontes en connaisseur, et, sans hésiter :

– Un peu lourdes, monsieur, dit-il.

– Vous voyez, fit de Guiche au sellier, Monsieur, qui est homme de goût, trouve vos fontes lourdes : que vous avais-je dit tout à l'heure ?

Le sellier s'excusa.

– Et ce cheval, qu'en dites-vous ? demanda de Guiche. C'est encore une emplette que je viens de faire.

– À la vue, il me paraît parfait, monsieur le comte ; mais il faudrait que je le montasse pour vous en dire mon avis.

– Eh bien ! montez-le, monsieur de Malicorne, et faites-lui faire deux ou trois fois le tour du manège.

La cour de l'hôtel était en effet disposée de manière à servir de manège en cas de besoin.

Malicorne, sans embarras, assembla la bride et le bridon, prit la crinière de la main gauche, plaça son pied à l'étrier, s'enleva et se mit en selle. La première fois il fit faire au cheval le tour de la cour au pas.

La seconde fois, au trot.

Et la troisième fois, au galop.

Puis il s'arrêta près du comte, mit pied à terre et jeta la bride aux mains d'un palefrenier.

– Eh bien ! dit le comte, qu'en pensez-vous, monsieur de Malicorne ?

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– Monsieur le comte, fit Malicorne, ce cheval est de race meck-lembourgeoise. En regardant si le mors reposait bien sur les branches, j'ai vu qu'il prenait sept ans. C'est l'âge auquel il faut pré-

parer le cheval de guerre. L'avant-main est léger. Cheval à tête plate, dit-on, ne fatigue jamais la main du cavalier. Le garrot est un peu bas. L'avalement de la croupe me ferait douter de la pureté de la race allemande. Il doit avoir du sang anglais. L'animal est droit sur ses aplombs, mais il chasse au trot ; il doit se couper. Attention à la ferrure. Il est, au reste, maniable. Dans les voltes et les changements de pied je lui ai trouvé les aides fines.

– Bien jugé, monsieur de Malicorne, fit le comte. Vous êtes connaisseur.