Le vicomte de Bragelonne. Tome 2 (Дюма) - страница 15

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Aramis ne bougea point, ne sourcilla point, ne précipita ni son geste ni sa parole.

– Allez, dit-il.

D'Artagnan s'avança vers la porte.

– À propos, vous savez où loge Porthos ?

– Non ; mais je vais m'en informer.

– Prenez le corridor, et ouvrez la deuxième porte à gauche.

– Merci ! au revoir.

Et d'Artagnan s'éloigna dans la direction indiquée par Aramis.

Dix minutes ne s'étaient point écoulées qu'il revint. Il trouva Aramis assis entre le principal du collège des jésuites et le supérieur des dominicains et le principal du collège des jésuites, exactement dans la même situation où il l'avait retrouvé autrefois dans l'auberge de Crèvecœur.

Cette compagnie n'effraya pas le mousquetaire.

– Qu'est-ce ? dit tranquillement Aramis. Vous avez quelque chose à me dire, ce me semble, cher ami ?

– C'est, répondit d'Artagnan en regardant Aramis, c'est que Porthos n'est pas chez lui.

– Tiens ! fit Aramis avec calme ; vous êtes sûr ?

– Pardieu ! je viens de sa chambre.

– Où peut-il être alors ?

– Je vous le demande.

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– Et vous ne vous en êtes pas informé ?

– Si fait.

– Et que vous a-t-on répondu ?

– Que Porthos sortant souvent le matin sans rien dire à personne, était probablement sorti.

– Qu'avez-vous fait alors ?

– J'ai été à l'écurie, répondit indifféremment d'Artagnan.

– Pour quoi faire ?

– Pour voir si Porthos est sorti à cheval.

– Et ?… interrogea l'évêque.

– Eh bien ! il manque un cheval au râtelier, le numéro 5, Goliath.

Tout ce dialogue, on le comprend, n'était pas exempt d'une certaine affectation de la part du mousquetaire et d'une parfaite complaisance de la part d'Aramis.

– Oh ! je vois ce que c'est, dit Aramis après avoir rêvé un moment : Porthos est sorti pour nous faire une surprise.

– Une surprise ?

– Oui. Le canal qui va de Vannes à la mer est très giboyeux en sarcelles et en bécassines ; c'est la chasse favorite de Porthos ; il nous en rapportera une douzaine pour notre déjeuner.

– Vous croyez ? fit d'Artagnan.

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– J'en suis sûr. Où voulez-vous qu'il soit allé ? Je parie qu'il a emporté un fusil.

– C'est possible, dit d'Artagnan.

– Faites une chose, cher ami, montez à cheval et le rejoignez.

– Vous avez raison, dit d'Artagnan, j'y vais.

– Voulez-vous qu'on vous accompagne ?

– Non, merci, Porthos est reconnaissable. Je me renseignerai.

– Prenez-vous une arquebuse ?

– Merci.

– Faites-vous seller le cheval que vous voudrez.

– Celui que je montais hier en venant de Belle-Île.

– Soit ; usez de la maison comme de la vôtre.

Aramis sonna et donna l'ordre de seller le cheval que choisirait M. d'Artagnan.