Le vicomte de Bragelonne. Tome IV (Дюма) - страница 83


– Assurément, fit Percerin.


D’Artagnan approuva d’un signe de tête.


– Par quelque galanterie ? Par quelque bonne imagination ? Par une suite de surprises pareilles à celle dont nous parlions tout à l’heure à propos de l’enrégimentation de nos épicuriens ?


– À merveille !


– Eh bien, voici la surprise, mon bon ami. M. Le Brun, que voici, est un homme qui dessine très exactement.


– Oui, dit Percerin, j’ai vu des tableaux de monsieur, et j’ai remarqué que les habits étaient fort soignés. Voilà pourquoi j’ai

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accepté tout de suite de lui faire un vêtement, soit conforme à ceux de MM. les épicuriens, soit particulier.


– Cher monsieur, nous acceptons votre parole ; plus tard, nous y aurons recours, mais pour le moment, M. Le Brun a besoin, non des habits que vous ferez pour lui, mais de ceux que vous faites pour le roi.


Percerin exécuta un bond en arrière que d’Artagnan, l’homme calme et l’appréciateur par excellence, ne trouva pas trop exagéré, tant la proposition que venait de risquer Aramis renfermait de faces étranges et horripilantes.


– Les habits du roi ! Donner à qui que ce soit au monde les habits du roi ?… Oh ! pour le coup, monsieur l’évêque, Votre Grandeur est folle ! s’écria le pauvre tailleur poussé à bout.


– Aidez-moi donc, d’Artagnan, dit Aramis de plus en plus souriant et calme, aidez-moi donc à persuader monsieur ; car vous comprenez, vous, n’est-ce pas ?


– Eh ! eh ! pas trop, je l’avoue.


– Comment ! mon ami, vous ne comprenez pas que M. Fouquet veut faire au roi la surprise de trouver son portrait en arrivant à Vaux ? que le portrait, dont la ressemblance sera frappante, devra être vêtu juste comme sera vêtu le roi le jour où le portrait paraîtra ?


– Ah ! oui, oui, s’écria le mousquetaire presque persuadé, tant la raison était plausible ; oui, mon cher Aramis, vous avez raison ; oui, l’idée est heureuse. Gageons qu’elle est de vous, Aramis ?


– Je ne sais, répondit négligemment l’évêque ; de moi ou de M. Fouquet…


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Puis, interrogeant la figure de Percerin après avoir remarqué l’indécision de d’Artagnan :


– Eh bien, monsieur Percerin, demanda-t-il, qu’en dites-vous ? Voyons.


– Je dis que…


– Que vous êtes libre de refuser, sans doute, je le sais bien, et je ne compte nullement vous forcer, mon cher monsieur ; je dirai plus, je comprends même toute la délicatesse que vous mettez à n’aller pas au-devant de l’idée de M. Fouquet : vous redoutez de paraître aduler le roi. Noblesse de cœur, monsieur Percerin !