Le vicomte de Bragelonne. Tome IV (Дюма) - страница 84

noblesse de cœur !


Le tailleur balbutia.


– Ce serait, en effet, une bien belle flatterie à faire au jeune prince, continua Aramis. « Mais, m’a dit M. le surintendant, si Percerin refuse, dites-lui que cela ne lui fait aucun tort dans mon esprit, et que je l’estime toujours. Seulement… »


– Seulement ?… répéta Percerin avec inquiétude.


– « Seulement, continua Aramis, je serai forcé de dire au roi mon cher monsieur Percerin, vous comprenez, c’est M. Fouquet qui parle ; seulement, je serai forcé de dire au roi : « Sire, j’avais l’intention d’offrir à Votre Majesté son image ; mais, dans un sentiment de délicatesse, exagérée peut-être, quoique respectable, M. Percerin s’y est opposé. »


– Opposé ! s’écria le tailleur épouvanté de la responsabilité qui allait peser sur lui ; moi, m’opposer à ce que désire, à ce que veut M. Fouquet quand il s’agit de faire plaisir au roi ? oh ! le vilain mot que vous avez dit là, monsieur l’évêque ! M’opposer ! Oh ! ce n’est pas moi qui l’ai prononcé Dieu merci ! J’en prends à témoin M. le

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capitaine des mousquetaires. N’est ce pas, monsieur d’Artagnan, que je ne m’oppose à rien ?


D’Artagnan fit un signe d’abnégation indiquant qu’il désirait demeurer neutre ; il sentait qu’il y avait là-dessous une intrigue, comédie ou tragédie ; il se donnait au diable de ne pas la deviner, mais en attendant, il désirait s’abstenir.


Mais déjà Percerin, poursuivi de l’idée qu’on pouvait dire au roi qu’il s’était opposé à ce qu’on lui fît une surprise, avait approché un siège à Le Brun et s’occupait de tirer d’une armoire quatre habits resplendissants, le cinquième étant encore aux mains des ouvriers, et plaçait successivement lesdits chefs-d’œuvre sur autant de mannequins de Bergame, qui, venus en France du temps de Concini avaient été donnés à Percerin II par le maréchal d’Ancre, après la déconfiture des tailleurs italiens ruinés dans leur concurrence.


Le peintre se mit à dessiner, puis à peindre les habits.


Mais Aramis, qui suivait des yeux toutes les phases de son travail et qui le veillait de près l’arrêta tout à coup.


– Je crois que vous n’êtes pas dans le ton, mon cher monsieur Le Brun, lui dit-il ; vos couleurs vous tromperont, et sur la toile se perdra cette parfaite ressemblance qui nous est absolument nécessaire ; il faudrait plus de temps pour observer attentivement les nuances.


– C’est vrai, dit Percerin ; mais le temps nous fait faute, et à cela, vous en conviendrez, monsieur l’évêque, je ne puis rien.