Quand viendra la guerre grande
Terrons-nous dans les abris,
Mélangeant silence et cendre,
Mornes, rances, louches, gris.
Moi, l’inapte, avec les mioches
Je me tords mes doigts broyés —
La chronique du cinoche,
Sous les bombes l’oreiller.
Quel crétin roulait carrosse,
Qui bouffait les petits oignons,
Abrutis et pauvres gosses
Qui se crêpent le chignon.
Brins de thé, les ans voltigent,
C’est la mort, au fond, qui bout —
Toi et moi, enfants prodiges,
On peut dire: «je m’en fous».
Dans le champ d’honneur la balle
Cherche à t’embrasser le front.
Pan, c’est fait. Le vent t’emballe.
Le barbu divin dit «bon».
Dors sous terre, pauvre cave,
Je dérange pas les morts,
Mais je tremble dans ma cave
Et je vis, je vis encore!
Carabosse fauche, fauche,
Troue les âmes, troue les peaux.
Morts à droite, morts à gauche,
Moi, dessous — sous un corbeau.