Дамы без камелий: письма публичных женщин Н.А. Добролюбову и Н.Г. Чернышевскому (Вдовин) - страница 122

, но поговорю с тобой обо всем том, когда ты будешь рядом. До свидания.

Твоя вечно любящая тебя

Эмилия.
№ 62

16 декабря <1860 г., Париж>


Chez moi, dimanche soir, 16 décembre

Mon bon Nicolas, nous sommes à plaindre, et moi, encore plus que toi! J’ai reçu ta lettre hier matin. Tu ne saurais croire la peine qu’elle me [m’a] fait sous tous les rapports. Mon dieu, que je suis ma leureuse [malheureuse]! Mon pauvre ami, comment veux-tu que je fasse? J’ai fait venir un commissaire-priseur. Tu ne sais pas combien il mofffe [m’offre] de tout mon mobilier. 1800 cents francs! Comment veux-tu que je puisse accomplir ce que tu me pries de faire? Cela m’est tout à fait impossible! Je ne trouverai pas mon appartement à louer pour le 18 janvier. Je suis obligée de payer 8 cents francs pour les trois mois que je n’ai pas prévenu la consierge [concierge]. Et mon terme! Tu vois que cela fait bien 8 cent francs. Après cela, tout bien conté [compté] comme dettes, en tout bien conté [compté], j’en ai encore pour mille francs parce que j’en devait [devais] encore un jou [?] à mon tapissier que je ne t’avais pas dit et un [?] à droit à gauche. Tout cela forme mille francs. Cela fait dans 18 cent francs le prix de la vente de mon mobillier [mobilier]. Après cela, je ne t’ai [sais?] pas que dire pour payer mon billet du 30. J’ai été au mont de piété et pour celui du 12 aussi. Ainsi j’ai engagé mes deux chaînes, ma montre, mes bagues, ton bracelet – tout ce que j’avais! Et j’ai eu mes règles qui m’ont empêché de sortir. Ensi [ainsi] tu dois voir mon bienaimé [bien-aimé] si je suis heureuse. Au contraire, avec tout cela je me trouve beaucoup dans la jaine [gêne] plains moi, mon ami, car je suis à plaindre! Mais ce qui me console c’est que tu vas bien au mieux, d’après ce que j’ai veu [vu] dans ta lettre. Mais surtout, mon ami, ce que je te demande et que je te supplie de faire pour moi c’est de ne te pas trop te chagriner. Tu vois, moi, qui suis encore femme et je veux supporter mon mal, mais mon ami, je ne veux pas croire que nous sommes séparés pour toujours! Mon ami, comme ta lettre était bonne elle m’a fait du bien malgré beaucoup de peine. Je suis triste en t’écrivent [t’écrivant] et je pleure beaucoup, et mou autant que je te dise tout[,] j’ai une consolation car je te l’aurais dit si tu était [étais] venu à Paris. Après, Marie n’est pas ma bonne, mon ami, elle est ma mère. Tu dois comprendre que je n’ai pas dû te le dire quand tu es venu pour la première fois chez moi. Je ne te connaissais pas comme maintenant, je n’aurais jamais ausé [osé] te dire, je reste avec ma mère, je ne t’ai dit [te dis] pas davantage. Avec ton bon cœur et ton esprit tu comprendras tout ce que je dois souffrir. Je t’aime, je t’aime beaucoup, mais je dois aimer ma mère et ne pas la quitter sur les vieux jours. Mon ami, je t’en supplie, pardonne-moi, mes mensonges que j’ai été forcé de te faire. Je n’y vois plus en te fesant [faisant] cet aveu. Je ne voudrais pas être devant toi, mon ami, car je ne pourrais pas te le dire, et si tu étais venu à Paris j’aurais été forcée de te le faire car je ne me serai jamais séparée de ma mère. Jamais je [ne] le ferai! J’aimerais mieux mourir. Ainsi tu vois quelle grave empaichement [empêchement] il y a pour accomplir ce que nous voulons. C’est à toi maintenant de me dire ce que j’ai à faire. Comment sais-tu que je voyage avec toi? Deux personnes – tu ne pourrais suffire au frais du voyage, et surtout d’aller d’hôtel en hautel [hôtel].