Дамы без камелий: письма публичных женщин Н.А. Добролюбову и Н.Г. Чернышевскому (Вдовин) - страница 125

Ton ami est venu me voir en disant qu’il était très fâché qu’il n’avait pas de tes nouvelles. Il m’a beaucoup effrayé. J’ai cru que tu étais beaucoup plus malade et je l’ai prié quand on aurait de tes nouvelles qu’il vienne me le dire parce que j’aurais eu ton adresse et comme cela je t’aurais écrit. Et tu [dois] penser ce matin comme j’ai été contente. Ainsi tu dois penser avec l’humeur triste comme je l’ai si je me trouve contente de la vie que je mène. Ainsi je suis tellement abrutie que quand j’ai un louis je reste chez moi sans sortir jusqu’à je n’ai plus un sou. Alors tu ne sais pas ce que j’ai fait: j’ai tout engagé ce que j’avais pour vivre. Ne crois pas que cela a été pour paiyé [payer] mes dettes – non, puisque je me suis laissé faire des frais. Quand maman a vu cela elle a été tellement furieuse après moi. Elle a pris mon châle et la [l’a] engagé[e] et elle a payé avec. Et maintenant quand il faut que je sorte c’est elle qui est obligé de me dire. Tu vois bien qu’il n’y a rien à la maison. Mon pauvre ami, ma pauvre mère n’est pas reconsable [responsable], et moi, je n’ai pas de cœur ou j’en ai trop… Tu sais, avant, comme j’étais vigilante. Mais au présent plus rien. Mais que te diraige [dirais-je] pour te donner une idée de ce que je suis devenue? Puisque tu me demande[s] un détail de ma vie, je pense bien de dire cela. Figure-toi je suis celle à l’opérer, et bien un Américain m’a beaucoup regardé et m’a demandé mon adresse. Je le lui ai donné et il est venu me voir le lendemain. Il m’a dit que j’avais l’air bien triste. J’ai dis que non. Il est resté trois jours avec moi. J’allais au théâtre avec lui, mais comme j’avais l’air si gai il n’est pas revenu.

Mais il faut bien que je prenne une résolution si je ne veux pas voir tomber malade ma mère qui l’est déjà. Ainsi c’est demain le 18 janvier il faut que je paie mon terme. Je ne sais pas où est le premier sou. Il faut que je vive, moi, et ma mère, et mes dettes… Je ne sais plus où donner de la tête. Tu vois que le plus heureux des deux ce n’est pas moi. Tu es dans un bon climat chaud mais si tu saurais, à Paris comme il fait froid. Ce n’est pas tenable pour ma santé. Je me porte bien du corps mais de l’âme non. Mon pauvre ami, voilà où j’en suis réduite, moi, qui ne pensait à rien auparavant. Maman me dit de te dire bien des choses de la part, et moi je me jette dans tes bras ou [où] je voudrais rester. Mais ce n’est pas possible. Au revoir, mon ami, écris-moi, cela me fera du bien. Je te serre les mains et je t’embrasse.