Le vicomte de Bragelonne. Tome IV (Дюма) - страница 79


– Un de mes bons amis, acheva d’Artagnan.


– Je servirai Monsieur, dit Percerin, mais, plus tard.


– Plus tard ? Et quand cela ?


– Mais, quand j’aurai le temps.


– Vous avez déjà dit cela à mon valet, interrompit Porthos mécontent.


– C’est possible, dit Percerin, je suis presque toujours pressé.


– Mon ami, dit sentencieusement Porthos, on a toujours le temps qu’on veut.


Percerin devint cramoisi, ce qui, chez les vieillards blanchis par l’âge, est un fâcheux diagnostic.


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– Monsieur, dit-il, est, ma foi ! bien libre de se servir ailleurs.


– Allons, allons, Percerin, glissa d’Artagnan, vous n’êtes pas aimable aujourd’hui. Eh bien ! je vais vous dire un mot qui va vous faire tomber à nos genoux. Monsieur est non seulement un ami à moi, mais encore un ami à M. Fouquet.


– Ah ! ah ! fit le tailleur, c’est autre chose.


Puis, se retournant vers Porthos :


– Monsieur le baron est à M. le surintendant ? demanda-t-il.


– Je suis à moi, éclata Porthos, juste au moment où la tapisserie se soulevait pour donner passage à un nouvel interlocuteur.


Molière observait. D’Artagnan riait. Porthos maugréait.


– Mon cher Percerin, dit d’Artagnan, vous ferez un habit à M. le baron, c’est moi qui vous le demande.


– Pour vous, je ne dis pas, monsieur le capitaine.


– Mais ce n’est pas le tout : vous lui ferez cet habit tout de suite.


– Impossible avant huit jours.


– Alors, c’est comme si vous refusiez de le lui faire, parce que l’habit est destiné à paraître aux fêtes de Vaux.


– Je répète que c’est impossible, reprit l’obstiné vieillard.


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– Non pas, cher monsieur Percerin, surtout si c’est moi qui vous en prie, dit une douce voix à la porte, voix métallique qui fit dresser l’oreille à d’Artagnan.


C’était la voix d’Aramis.


– Monsieur d’Herblay ! s’écria le tailleur.


– Aramis ! murmura d’Artagnan.


– Ah ! notre évêque ! fit Porthos.


– Bonjour, d’Artagnan ! bonjour, Porthos ! bonjour, chers amis ! dit Aramis. Allons, allons, cher monsieur Percerin, faites l’habit de Monsieur, et je vous réponds qu’en le faisant vous ferez une chose agréable à M. Fouquet.


Et il accompagna ces paroles d’un signe qui voulait dire :

« Consentez et congédiez. » Il paraît qu’Aramis avait sur maître Percerin une influence supérieure à celle de d’Artagnan lui-même, car le tailleur s’inclina en signe d’assentiment, et, se retournant vers Porthos :


– Allez vous faire prendre mesure de l’autre côté, dit-il rudement.


Porthos rougit d’une façon formidable.


D’Artagnan vit venir l’orage, et, interpellant Molière :