Le vicomte de Bragelonne. Tome 2 (Дюма) - страница 103

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déjà Madame avait distinguées et qu'elle aimait. Quant au comte de Guiche, abandonnant Monsieur depuis qu'il pouvait se rapprocher seul de Madame, il s'entretenait vivement avec Mme de Valen-tinois, sa sœur, et Mlles de Créquy et de Châtillon.

Au milieu de tous ces intérêts politiques ou amoureux, Malicorne voulait s'emparer de Montalais, mais celle-ci aimait bien mieux causer avec Raoul, ne fût-ce que pour jouir de toutes ses questions et de toutes ses surprises.

Raoul était allé droit à Mlle de La Vallière, et l'avait saluée avec le plus profond respect.

Ce que voyant, Louise rougit et balbutia ; mais Montalais s'empressa de venir à son secours.

– Eh bien ! dit-elle, nous voilà, monsieur le vicomte.

– Je vous vois bien, dit en souriant Raoul, et c'est justement sur votre présence que je viens vous demander une petite explication.

Malicorne s'approcha avec son plus charmant sourire.

– Éloignez-vous donc, monsieur Malicorne, dit Montalais. En vérité, vous êtes fort indiscret.

Malicorne se pinça les lèvres et fit deux pas en arrière sans dire un seul mot.

Seulement, son sourire changea d'expression, et, d'ouvert qu’il était, devint railleur.

– Vous voulez une explication, monsieur Raoul ? demanda Montalais.

– Certainement, la chose en vaut bien la peine, il me semble ; Mlle de la Vallière fille d'honneur de Madame !

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– Pourquoi ne serait-elle pas fille d'honneur aussi bien que moi ? demanda Montalais.

– Recevez mes compliments, mesdemoiselles, dit Raoul, qui crut s'apercevoir qu'on ne voulait pas lui répondre directement.

– Vous dites cela d'un air fort complimenteur, monsieur le vicomte.

– Moi ?

– Dame ? j'en appelle à Louise.

– M. de Bragelonne pense peut-être que la place est au-dessus de ma condition, dit Louise en balbutiant.

– Oh ! non pas, mademoiselle, répliqua vivement Raoul ; vous savez très bien que tel n'est pas mon sentiment ; je ne m'étonnerais pas que vous occupassiez la place d'une reine, à plus forte raison celle-ci. La seule chose dont je m'étonne, c'est de l'avoir appris aujourd'hui seulement et par accident.

– Ah ! c'est vrai, répondit Montalais avec son étourderie ordinaire. Tu ne comprends rien à cela, et, en effet, tu n'y dois rien comprendre. M. de Bragelonne t'avait écrit quatre lettres, mais ta mère seule était restée à Blois ; il fallait éviter que ces lettres ne tom-bassent entre ses mains ; je les ai interceptées et renvoyées à M. Raoul, de sorte qu'il te croyait à Blois quand tu étais à Paris, et ne savait pas surtout que tu fusses montée en dignité.