Le vicomte de Bragelonne. Tome IV (Дюма) - страница 8


Sans doute nos lecteurs se sont déjà demandé comment Athos s’était si bien à point trouvé chez le roi, lui dont ils n’avaient point entendu parler depuis un long temps. Notre prétention, comme romancier, étant surtout d’enchaîner les événements les uns aux autres avec une logique presque fatale, nous nous tenions prêt à répondre et nous répondons à cette question.


Porthos, fidèle à son devoir d’arrangeur d’affaires avait, en quittant le Palais-Royal, été rejoindre Raoul aux Minimes du bois de Vincennes, et lui avait raconté, dans ses moindres détails, son entretien avec M. de Saint-Aignan ; puis il avait terminé en disant que le message du roi à son favori n’amènerait, probablement, qu’un retard momentané, et qu’en quittant le roi de Saint-Aignan s’empresserait de se rendre à l’appel que lui avait fait Raoul.


Mais Raoul, moins crédule que son vieil ami, avait conclu, du récit de Porthos, que, si de Saint-Aignan allait chez le roi, de Saint-Aignan conterait tout au roi et que, si de Saint-Aignan contait tout au roi, le roi défendrait à de Saint-Aignan de se présenter sur le terrain. Il avait donc, en conséquence de cette réflexion, laissé Porthos garder la place, au cas, fort peu probable, où de Saint-Aignan viendrait, et encore avait-il bien engagé Porthos à ne pas rester sur le pré plus d’une heure ou une heure et demie. Ce à quoi Porthos s’était formellement refusé, s’installant, bien au contraire, aux Minimes, comme pour y prendre racine, faisant promettre à Raoul de revenir de chez son père chez lui, Raoul, afin que le laquais de Porthos sût où le trouver si M. de Saint-Aignan venait au rendez-vous.


Bragelonne avait quitté Vincennes et s’était acheminé tout droit chez Athos, qui, depuis deux jours, était à Paris.


Le comte était déjà prévenu par une lettre de d’Artagnan.


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Raoul arrivait donc surabondamment chez son père, qui, après lui avoir tendu la main et l’avoir embrassé, lui fit signe de s’asseoir.


– Je sais que vous venez à moi comme on vient à un ami, vicomte, quand on pleure et quand on souffre ; dites-moi quelle cause vous amène.


Le jeune homme s’inclina et commença son récit. Plus d’une fois, dans le cours de ce récit, les larmes coupèrent sa voix et un sanglot étranglé dans sa gorge suspendit la narration. Cependant il acheva.


Athos savait probablement déjà à quoi s’en tenir, puisque nous avons dit que d’Artagnan lui avait écrit ; mais, tenant à garder jusqu’au bout ce calme et cette sérénité qui faisaient le côté presque surhumain de son caractère, il répondit :